Éric Deschamps
8 recommandations pour les utilisateurs de la Nature sauvage
Dernière mise à jour : 30 mars 2021

1- L’ÉCACO
É : S’éduquer
C : Constater
A : Analyser
C : Comprendre
O : Observer
L’ÉCACO est un principe qui est à la base de mes valeurs et de mon amour pour la Nature. Je crois fondamentalement que pour observer la Nature sauvage en synchronicité, il faut tout d’abord la comprendre. On me demande souvent : « Éric as-tu des trucs pour trouver des animaux ? » Il n’y a pas de secret magique pour trouver et observer la Nature. Il faut d’abord la comprendre et s’ouvrir à elle. Pour ce faire, j’ai créé le principe du « ÉCACO » qui est ma recette pour observer la Nature Sauvage sans nuire à sa pérennité.

La première étape est de s’éduquer. Avant même de penser à trouver un orignal dans la Nature sauvage, il est important de comprendre son rythme annuel, ses différents comportements et son style d’habitat naturel par exemple. C’est un peu comme vouloir construire une maison sans même savoir ce qu’est du bois ou un marteau. Étape par étape, il faut s’éduquer sur les différents écosystèmes de nos régions et l’influence des saisons sur ceux-ci et sur leurs habitants. Il y a pleins de manière de s’éduquer de nos jours. Certains choisissent l’école, d’autres les livres, les reportages, les vidéos, les magazines, les naturalistes bref il n’y a pas de meilleur chemin qu’un autre tant et aussi longtemps que notre démarche est sérieuse et consciencieuse.
Ensuite, on doit constater directement sur le terrain. Voir ces différents écosystèmes de nos propres yeux. Il faut constater le beau et le moins beau. Il faut ensuite analyser et comprendre ce qu’on voit, ce qu’on sent et ce qu’on ressent. La Nature est complexe et fragile et pour avoir le privilège de l’observer sans impact négatif, il faut être conscient à 100% de l’environnement dans lequel on se trouve afin d’adapter nos comportements et notre interaction avec la faune et la flore qui s’y trouve.
En ayant en tête ces connaissances de base sur le fonctionnement de l’écosystème et ses habitant, on peut maintenant être en mesure d’observer en symbiose avec la Nature sauvage.

2- Ne pas être bruyant
Avez-vous déjà entendu le silence ? Je ne parle pas ici de ne rien entendre du tout. Je parle ici d’un moment précis sans aucun son humain. Pas d’usine, pas de véhicule motorisé, pas de sonnerie, pas de voix humaine, pas de musique, etc. Creusez dans vos souvenirs et tentez de trouver un moment silencieux qui aura duré plus de 30 minutes. La vie sauvage est sensible au bruit qui dérange leur silence. Un silence que nous ne pouvons comprendre étant donné que nous sommes, nous les humains et nos créations, la plus grande source de pollution sonore que la planète Terre n’ait jamais connue. La Nature s’adapte comme elle le peut, mais plus elle s’adapte et plus elle se fragilise. Il ne reste que très peu d’endroits sauvages dans le monde. Le minimum de respect que l’on devrait avoir envers ces endroits préservés qui jadis étaient prédominants sur notre

planète, c’est de se plier à leurs règles. Une de ces règles, c’est de minimiser le bruit qu’on peut faire lors de nos escapades en Nature, notamment en présence d’animaux sauvages. Au fil des années, j’ai vu des comportements incroyables de gens qui se prétendent amoureux de la Nature. Plusieurs m’ont également été rapportés par vidéo ou photo, en voici quelques exemples :
- Siffler pour attirer l’attention du regard d’un orignal.
- Imiter le son d’une corneille pour déranger un Grand-Duc afin qu’il ouvre ses yeux.
- Une rencontre de 5 photographes au pied d’un arbre qui discutaient de tout et de rien. Dans cet arbre, une chouette nocturne tentait de se reposer.
Notre espèce a décidé de miser sur un mode de vie qui détruit les écosystèmes, qui
perturbe le climat et qui « objectifie » et commercialise de plus en plus les espèces animales sauvages. La moindre des choses, c’est qu’on entre dans la Nature en respectant ses règlements. Quand vous mettez les pieds en Nature sauvage, pensez au silence… au vrai… au silence naturel si essentiel pour la vie sauvage.
3- Ne pas nourrir / appâter les animaux sauvages
Nourrir un animal sauvage, c’est dénaturer le comportement normal/sauvage de cet animal, ce qui accroît sa dépendance à l’obtention passive de nourriture et s’ensuit une diminution de sa capacité à se trouver de la nourriture à l’état sauvage. Ces animaux sauvages, qui fonctionnaient très bien avant l’impact humain du nourrissage, deviennent donc dépendamment de l’action humain ce qui est dangereux pour eux (par exemple, davantage d’animaux à proximité des maisons et des routes ce qui accroît le nombre de collisions) et dangereux pour nous ( ex : à chaque année ou presque, des ours noirs du Parc Forillon sont relocalisés étant donné qu’ils sont nourris par les campeurs et qu’il gagnent en proximité, ce qui pourrait compromettre la sécurité des gens). À chaque fois, c’est malheureusement la Nature qui paye pour nos erreurs et notre manque de jugement.
À ce problème s’ajoutent les enjeux reliés au manque d’intégrité en photographie.

Certains photographes sont prêts à aller à l’animalerie pour acheter des souris domestiques avant de se rendre sur leur site d’appâtage. Leur but ? Nourrir les oiseaux de proie comme les chouettes et hiboux afin d’obtenir des photos en pleine prédation artificielle.
Voici quelques exemples qui m’ont déjà été rapportés :
- Mettre une souris dans un « Pot Masson » transparent pour attirer un Harfang des neiges. N’arrivant pas à transpercer le verre avec ses griffes, le Harfang est resté là de long moment à tenter de se nourrir.
- En équipe de deux, un avait une canne à pêche avec une souris au bout du fil. Lorsque l’oiseau s’approchait, le photographe prenait les photos tandis que l’autre rembobinait la canne juste assez pour que l’oiseau manque sa proie.
Bien que ce soit moins fréquent qu’avant, il s’agit d’une pratique barbare qui existe encore aujourd’hui un peu partout dans le monde et ici même, au Québec. Les inconvénients de nourrir les animaux sauvages surpassent toujours les avantages. Il faut donc prioriser une approche non-interventionniste à l’égard de la vie sauvage. Si vous appréciez et aimez la faune, ne la nourrissez pas et laissez-la vivre selon ses habitudes instinctives et naturelles.
4- Faire preuve de discrétion sur la localisation
Pour le bien-être de la Nature, il est important d’éviter de partager une localisation précise où l’on a observé de la faune sauvage. Ce sont les animaux et la flore qui souffrent d’une utilisation trop importante d’un même endroit par les humains. Avec la pandémie actuelle et la croissance effrénée des réseaux sociaux, il y a des sites et des parcs naturels qui sont bondés de randonneurs, d’ornithologues, de photographes et

de gens tout simplement curieux. On peut voir des photos publiées et on s’imagine que l’ambiance était paisible, douce et calme, mais en réalité il y avait 30 autres personnes qui prenaient des photos ou qui faisaient la file pour prendre une certaine photo « clichée ». Ce genre de regroupement de personne dans le même endroit à un moment précis est causé, entre autres, par le manque de discrétion sur la localisation des observations. Ces tristes évènements arrivent en présence de paysage clichés (comme les 3 lacs de Joffre Lakes dans l’Ouest canadien) ou en présence d’animaux sauvages (par exemple la Nyctale de Tengmalm dans le Grand Montréal). Malheureusement ces endroits deviennent une localisation où les gens ne viennent plus vivre l’expÃ